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Jean-Paul Betbèze «Nous avons face à nous 20 ans de croissance »

Economie - 6 mai 2009 - Auteur : Easybourse

Jean-Paul Betbèze

Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA, membre du Cercle des économistes, et du Conseil d’analyse économique

Le 9 Avril dernier, le Master 222 Gestion d’Actifs de l’Université Paris Dauphine organisait sa conférence annuelle sur le thème ‘Ont-ils tué le capitalisme?’.  Le contenu de cette manifestation, qui a réuni près de 650 personnes dont de nombreux professionnels de la gestion d’actifs, des journalistes et étudiants, était axé sur les opinions d’un panel d’experts éminents parmi lesquels Claude Bébéar, fondateur du groupe Axa et président de l’institut Montaigne, Patrick Artus, directeur des études économiques du groupe Natixis, Jean-Paul Betbèze, chef économiste et directeur des études économiques du groupe Crédit Agricole et Lionel Zinsou, membre du comité éxécutif de PAI-Partners et conseiller auprès du Président du Bénin.

Ci-dessous, le verbatim de l’intervention de Jean-Paul Betbèze.

L’ambiguïté du capitalisme a été perturbée par le déséquilibre qui existe entre les Etats-Unis d’une part et la Chine d’autre part ?
Keynes a fabriqué une dualité dans la conception de l’économie : l’esprit de finance et l’esprit d’entreprise. L’esprit d’entreprise est un esprit de moyen terme, c’est celui du fabriquant, du bâtisseur qui se focalise sur la valeur fondamentale de l’entreprise. L’esprit de finance est celui de la bourse, et correspond à un reflet de miroir : les marchés réfléchissent au sens où un miroir réfléchis. Un prix a alors deux composantes : la composante industrielle et la composante miroir.

Progressivement cette dualité a été immergée dans un système qui envoyait un faux signal de fond : des ménages américains qui consommaient avec excès, des ménages chinois qui ne consommaient pas assez.

Nous sommes en train de retrouver l’ambigüité du capitalisme, ces deux esprits dont l’existence avait été troublée par l’esprit américain et l’esprit chinois. Cette instabilité du système financier ne pouvait plus perdurer : les ménages américains épargnent désormais davantage et les ménages chinois consomment dorénavant plus.

Selon vous, la Chine a une stratégie économico-politique gagnante?
La politique mercantiliste menée par le gouvernement de Pékin permet à la Chine de gagner du temps, de se faire accepter, de ne pas subir un changement politique majeur qui la gênerait, et de fonctionner de manière très puissante et très rapide sans difficulté.

Parmi les solutions que vous proposez pour le système européen, vous mettez en avant un aménagement nécessaire de la politique menée par la BCE ?
Nous ne sommes pas dans un monde parfait, mais dans un monde réel où des ajustements sont possibles. J’ai présenté récemment à BusinessEurope, aux patrons européens, un travail que j’ai présidé à la demande d’Antoine Ernest Seillière, sur le financement des entreprises européennes.

Face à la crise financière que nous subissons et à la récession économique que nous connaissons, deux possibilités s’offrent à nous : soit nous jouons le pire, disant qu’il faut que ça se purge?et dans ce cas on se retrouve avec taux de chômage qui atteint 20% en moyenne dans l’ensemble des pays de l’Union, soit on propose que la BCE fasse des choses qu’elle n’aime pas, du non conventionnel, du non orthodoxe.

En d’autres termes on amène cette autorité à mettre en ?uvre des mécanismes qui vont refinancer des sociétés, refinancer du papier commercial?de la dette publique?Techniquement ceci est en liaison avec les textes fondateurs de l’institution.

Comment l’Europe va se fabriquer dans cette sortie de crise ?
L’Europe n’a pas de stratégie, même si des ajustements ont eu lieu. Sous la pression des évènements, l’Allemagne et la France ont essayé de faire alliance. L’Espagne a compris que dans le système de pacte de stabilité, il y avait des mécanismes qui ne pouvaient pas perdurer.

Mais les difficultés sont nombreuses et importantes. Les garanties sur l’Irlande représentent trois fois son PIB.

Nous devons adopter des politiques communes au niveau des pôles de compétitivité européens, des universités et des centres de recherche européens. On ne pourra participer à la croissance du monde qu’avec des produits nouveaux susceptibles de résister. Il est certain qu’il n’y a pas de croissance sans innovation sur longue période.

La relance devrait s’appuyer sur de nouveaux secteurs : l’efficacité du capital physique, capital humain, capital informationnel, l’image, la communication…

Qu’avez-vous pensé du sommet du G20 qui s’est tenu au début du mois ?
Le G20 n’a bien entendu pas résolu les problèmes du monde en 8 heures. Un peu comme si nous avions bu un peu trop d’alcool, nous avons mal à la tête, alors on se promet de ne pas refaire les mêmes bêtises, et on essaie d’aller de l’avant.

Il y aura des erreurs et des défauts, c’est incontournable. Nous devrons faire face à des ‘zombis banques’. Le risque systémique fera en sorte qu’on s’efforcera de ne pas les laisser sombrer.

Il ne fait aucun doute que la croissance sera au rendez-vous?
Avec 9 milliards de personnes dans le monde, nous avons face à nous 20 ans de croissance future. Le problème sera que cette croissance sera plus immatérielle et aura une composante plus difficile à apprécier, plus instable. Les mesures de goodwill seront plus importantes qu’aujourd’hui.

Cette crise aura pour conséquence de changer profondément les comportements, en témoigne ce qui se passe dans le secteur de l’automobile ou ce n’est pas uniquement la loi de l’offre et de la demande qui déploie ses effets.

De quelle manière appréhendez-vous le devenir des banques d’investissement ?
Il va y avoir moins de banques d’investissement mais on va leur demander d’avoir plus de fonds propres. Nous serons dans une logique où il va falloir accumuler plus de capital et procéder à moins de deleveraging.

Propos recueillis par Imen Hazgui

Article proposé par:

Easybourse

Actualités économiques et informations boursières

www.easybourse.com

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