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Claude Bébéar «Je considère que le sommet du G20 a été un véritable succès »

Economie - 6 mai 2009 - Auteur : Easybourse

Claude Bébéar

Président de l’Institut Montaigne

Le 9 Avril dernier, le Master 222 Gestion d’Actifs de l’Université Paris Dauphine organisait sa conférence annuelle sur le thème ‘Ont-ils tué le capitalisme?’.  Le contenu de cette manifestation, qui a réuni près de 650 personnes dont de nombreux professionnels de la gestion d’actifs, des journalistes et étudiants, était axé sur les opinions d’un panel d’experts éminents parmi lesquels Claude Bébéar, fondateur du groupe Axa et président de l’institut Montaigne, Patrick Artus, directeur des études économiques du groupe Natixis, Jean-Paul Betbèze, chef économiste et directeur des études économiques du groupe Crédit Agricole et Lionel Zinsou, membre du comité éxécutif de PAI-Partners et conseiller auprès du Président du Bénin.

Ci-dessous, le verbatim de l’intervention de Claude Bébéar.

Des réflexions avaient été entamées, il y a maintenant près de six ans par l’Institut Montaigne pour dresser un constat de l’échec du capitalisme sous sa forme actuelle et tenter de le reconstruire. Quelle analyse faites-vous de la crise financière que nous connaissons actuellement?
Il y a à la base de toute crise financière deux constantes : la cupidité et la perte de bon sens.
La cupidité, qui peut être une cupidité individuelle ou une cupidité d’organisation a été à l’origine de multiples désorganisations.
Des institutions en sont arrivées à demander 15% de retour sur investissement, au moment où l’inflation se traitait à 2%, et où le taux de l’argent sans risque était à 4%.
Une disproportion considérable a été observée entre le degré de risque et la marge utilisée pour couvrir ce risque en question.
Les ventes à découvert, autrement dit la vente d’un bien que l’on n’a pas en sa possession, se sont multipliées . Ce qui a autorisé une spéculation renforcée.

La perte de bon sens a été latente et s’est traduite par le fait que de multiples professionnels fort compétents ont été impliqués dans la crise des subprimes.

La déréglementation a également joué un rôle important?
Cette déréglementation est due à une idéologie dite libérale qui en réalité ne l’était pas. Le véritable libéralisme économique et financier suppose l’édiction de règlementations rigoureuses pour instaurer des règles du jeu. Nous ne pouvons concevoir « le laisser faire, laisser passer » comme du libéralisme à proprement parler.

En cela l’autorégulation ne vous paraît pas être une solution?
Nous n’avons cessé d’entendre ici et là prôner « le marché a toujours raison ». Ceci est inexact. Bien au contraire, à mon sens le marché livré à lui même a toujours tort. Il est toujours initialement inefficient.
Par conséquent il a besoin d’être régulé, d’être encadré en fonction de l’évolution de l’environnement mondial dans lequel il s’inscrit.

La responsabilité est avant tout politique?
Non seulement nous avions des régulateurs qui ont adopté des règles trop laxistes, mais également des contrôleurs qui ne contrôlaient pas correctement.
Cela fait bien des années, que j’avais conscience que l’établissement AIG s’inscrivait dans  une situation fortement risquée, qui le conduisait droit dans le mur. La société avait pourtant une notation AAA.

Le développement des subprimes a été permis par l’administration Clinton.

Il appartenait aux Etats de siffler la fin de la récréation. Nous pouvons en cela rendre hommage au président Sarkozy d’avoir tapé du poing sur la table à un moment donné. Du coté américain, coincé par des idéologies, on ne savait pas comment s’en sortir. On vacillait beaucoup. Si Paulson a été un bon président de Goldman Sachs, il n’a pas été un très brillant ministre des finances.
Panique et pertes de confiance en ont résulté. Tout le monde se méfiait de tout le monde. Le système s’est arrêté de fonctionner.

Qu’avez-vous pensé du sommet du G20 qui s’est tenu le 2 avril dernier ?
Le G20 m’a paru être une très bonne initiative pour trouver un terrain d’entente. Face à la gravité de la situation, les dirigeants politiques ont compris la nécessité de travailler ensemble, de coordonner leurs actions. Si l’on considère le texte qui en est ressorti, nous percevons clairement cette volonté de faire quelque chose en commun.
Un certain nombre de précisions que je ne soupçonnais pas ont été données dans la feuille de route.
Je considère de ce fait que le sommet est un succès.
L’économie repose sur la confiance pour que les gens achètent, investissent. Or, la confiance a disparu. Ce G20 contribue à la rétablir.

L’économie réelle est affectée par le resserrement des conditions de distribution de crédits, et par l’arrêt des investissements par les dirigeants d’entreprises qui craignent les perspectives d’évolution de l’économie. Quelles mesures doivent être prises selon vous pour faire repartir la machine?
Il faut rétablir la circulation de l’argent qui constitue à mon sens le nerf de la guerre. Il faut de gré ou de force obliger la véhiculation  du sang par le fonctionnement du circuit monétaire. Il ne faut pas avoir peur de nationaliser les banques qui en ont besoin, d’obliger certaines banques à faire des prêts. L’exemple en est de ce qui s’est passé en Suède dans les années 90. Le gouvernement avait alors procédé à une nationalisation des établissements bancaires, avait assaini leur bilan, ce qui avait permis de faire repartir la machine.

Quel regard portez-vous sur la Chine ?
Je suis circonspect quant au développement de l’économie chinoise. Le pays a un système bancaire quelque peu étrange.
Il est qui plus est confronté à un lourd problème social.  Nous avons tous les jours des émeutes dans le pays.
Nous pourrions de ce fait avoir de graves accidents de parcours.

Règlera-t-on le problème de la masse de dette publique que nous sommes en train de créer par de l’inflation ?
Un peu d’inflation n’est pas si mauvais que cela. Cela permet de payer nos appartements. Le problème est qu’il faut la maîtriser. L’hyper inflation étant mortelle.

Plus que de rustines, nous avons besoin de réparer des sottises qui peuvent être mortelles. La comptabilité par exemple doit être modifiée?
Nous avons livré la comptabilité européenne à des ayatollahs de la comptabilité qui ont établi des règles déconnectées de la réalité économique. La bourse n’a nullement été un endroit dans lequel il était possible d’évaluer avec précision la valeur d’une entreprise. La preuve en est qu’une opération d’acquisition ne se fait pratiquement jamais au cours de bourse.
Ce système comptable a qui plus est été procyclique. Si pour une raison quelconque la valeur de marché venait à descendre, cela conduisait automatiquement à une diminution de la valeur de l’actif. Des entreprises sont alors apparues en difficulté, voire en faillite alors que le business continuait.
Nous sommes parvenus à une situation où nous n’arrivions plus à déterminer quelle était la valeur de l’entreprise.

Le message se veut finalement optimiste?
L’issue sera positive mais le chemin sera difficile. D’autres mauvaises nouvelles seront annoncées, d’autres scandales éclateront?
Espérons que le G20 travaille de manière à faire des prévisions et à s’efforcer non pas d’éviter les crises à venir, car il y en aura inévitablement-la croissance n’étant pas quelque chose de linéaire-mais tout du moins les crises profondes.

Propos recueillis par Imen Hazgui

Article proposé par:

Easybourse

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