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Patrick Artus «Le sommet du G20 a donné lieu à une solution épouvantable»

Economie - 6 mai 2009 - Auteur : Easybourse

Patrick Artus

Directeur des études économiques du groupe Natixis

Le 9 Avril dernier, le Master 222 Gestion d’Actifs de l’Université Paris Dauphine organisait sa conférence annuelle sur le thème ‘Ont-ils tué le capitalisme?’.  Le contenu de cette manifestation, qui a réuni près de 650 personnes dont de nombreux professionnels de la gestion d’actifs, des journalistes et étudiants, était axé sur les opinions d’un panel d’experts éminents parmi lesquels Claude Bébéar, fondateur du groupe Axa et président de l’institut Montaigne, Patrick Artus, directeur des études économiques du groupe Natixis, Jean-Paul Betbèze, chef économiste et directeur des études économiques du groupe Crédit Agricole et Lionel Zinsou, membre du comité éxécutif de PAI-Partners et conseiller auprès du Président du Bénin.

Ci-dessous, le verbatim de l’intervention de Patrick Artus.

Pensez vous que la crise financière a eu pour conséquence un risque de destruction du capitalisme ?
Le risque actuel ne concerne pas tant la destruction du capitalisme mais la destruction de l’économie de marché, autrement dit le fait que l’on puisse s’appuyer sur des prix de marché pour prendre des décisions d’investissement raisonnables. C’est alors beaucoup plus grave.

Nous observons que depuis une quinzaine d’années, les marchés ne fournissent plus les bons signaux. Nous avons des distorsions occasionnées par la taille des flux spéculatifs par rapport aux flux fondamentaux. En témoignent les prix des matières premières qui peuvent être multipliés par cinq en l’espace de six mois, puis divisés par quatre. En témoigne également l’évolution des cours des actions des pays émergents. Ces prix ne sont pas dictés par la loi de l’offre et de la demande.

Comment expliquez-vous cette perte de signaux ?
Par la complexité des produits, l’absence de leur transparence. Un travail extrêmement compliqué doit être effectué, qui ne consiste pas à uniquement bricoler à la marge, mais qui doit réfléchir aux raisons qui expliquent pourquoi le marché ne fournit plus les bons signaux.

Quelle a été la principale répercussion de la perte de ces signaux ?
Une mauvaise allocation des ressources mondiales. En un an, on a mis 3500 milliards de dollars d’investissement dans les pays émergents, que l’on a retiré en l’espace de trois mois.

Selon vous, nous n’aurions pas dû en principe avoir de croissance ces vingt dernières années?
Avec la globalisation, le capitalisme à la recherche de rendements, la perte d’emplois industriels, les déformations de partage des revenus, la hausse de la part de dividendes, la baisse de la part des salaires, nous aurions dû avoir une période de faible croissance dans les économies occidentales. Celle-ci a été permise par le recours abondant au crédit.

Nous avons participé à l’endettement d’individus de plus en plus pauvres. Nous leur avons accordé des prêts à partir de la valeur de leur patrimoine, et non de la valeur de leurs revenus.

Au-delà d’un simple procès de la finance, il y a donc lieu d’avoir à l’esprit que c’est un projet coorganisé à un niveau  bien supérieur par les gouvernements et les banques centrales. Il faut en cela faire le procès du modèle économique réel, qui fait qu’on a eu besoin de truquer la finance pour permettre une hausse du taux d’endettement.

De quelle manière considérez-vous le positionnement de la Chine ?
Nous étions au quatrième trimestre de l’année dernière en croissance de 0,8%. Nous devrions être à 10% à la fin de l’année. En moyenne annuelle cela devrait faire 5%.

La croissance est repartie brutalement par l’investissement public, et par l’autorité qu’a le gouvernement sur la distribution des crédits dans le pays. Un instrument de la politique monétaire que n’a pas Jean-Claude Trichet semble bien fonctionner dans le pays, c’est le couple téléphone-prison. Le rythme de croissance annuelle du crédit devrait être de 50% cette année.

Au mois de mars les ventes de voitures ont fait 40% de croissance en glissement annuel.

Vous considérez que le sommet du G20 a donné lieu à une solution épouvantable?
Le G20 a recommandé au monde de transférer les mauvaises dettes sur le bilan de la banque centrale et de développer la création monétaire. En cela, il est de mon avis que le G20 n’a rien résolu, il a simplement remis une montagne de liquidités sur celle que nous avions déjà.

Le problème est ce qui se passera par la suite. La liquidité des banques centrales a augmenté de 43% en un an. Nous allons gagner quelques années. Toutefois, le problème se reposera de manière amplifiée.

La prochaine crise devrait selon vous s’avérer bien pire que celle que nous connaissons actuellement. Pourquoi ?
Les crises dans le monde moderne sont des crises d’insolvabilité des jeunes qui empruntent. Deux manières de remédier à cela : soit les gouvernements sont courageux et cassent les revenus du capital, soit les gouvernements sont trouillards et règle les choses par l’arme de l’inflation qui aura pour effet de taxer les personnes âgées et de rendre l’argent aux jeunes, en faisant ainsi repartir l’économie par la consommation.

Le problème est que non seulement il n’y a plus d’inflation mais que par ailleurs une des conséquences de la crise actuelle est que nous allons devoir faire face à une augmentation du prix des actifs qui va dans le mauvais sens intergénérationnel. Je pense sincèrement que la prochaine crise que nous aurons sera bien pire que celle que nous avons déjà.

Quel avenir attend selon vous les banques d’investissement et de marché. Certains mettent en avant la nécessité de séparer absolument les métiers de banque de détail et de banque de gros. Qu’en pensez-vous ?
On veut isoler le risque de défaut venant des activités purement spéculatives, de la banque qui rend des services à l’économie. La frontière ne se situe par conséquent pas entre banque d’investissement et banque de détail, mais à l’intérieure même de la banque d’investissement entre le trading pour compte propre et les métiers pour les clients. Les activités pour compte propre doivent pouvoir faire faillite sans entamer les activités pour compte de clients, et ne pas être financés avec les garanties d’Etat sur les dépôts.

Curieusement les Etats-Unis sont allés complètement dans l’autre sens. La banque qui est le plus grand hedge fund de la planète, Goldman Sachs est devenue banque de détail. Si elle est à présent régulée par la Réserve fédérale américaine, pour autant elle peut à présent utiliser les ressources tirés de ses activités de banque de détail pour financer ses activité de trading.

La profession de trader a été beaucoup décriée dans le cadre de cette crise. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
La profession de trader est indispensable. Sans traders, il n’y a pas de liquidité, puisque on a alors des marchés financiers où personne ne détient de stocks.

Propos recueillis par Imen Hazgui

Article proposé par:

Easybourse

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